Une protestation en faveur du Bienheureux Charles de Blois
Votre serviteur édite un ouvrage formidable pour qui souhaite connaître la guerre de succession de Bretagne, les débuts de la guerre de 100 ans et le bienheureux Charles de Blois duc de Bretagne.
Pour illustrer, l’excellent livre de Dom François Plaine, Histoire du bienheureux Charles de Blois, j’ai sillonné la Bretagne en quête d’icones du bienheureux duc. Vous pouvez les découvrir dans ce livre.
L’article ci-dessous est un commentaire d’une illustration tirée du livre à la page 308. Pour bien le comprendre, il vous faudra lire le livre.

Dans la basilique Saint-Aubin en Notre-Dame de Bonne nouvelle, place Sainte-Anne à Rennes, on peut découvrir trois vitraux formant un triptyque à la gloire, non pas de la Sainte Vierge comme on pourrait s’y attendre dans un sanctuaire qui lui est dédié, mais celle de Jean de Monfort. Ces vitraux sont d’une excellente qualité picturale et d’un intérêt artistique indéniable. Ils ont été réalisés par le rennais Emmanuel Rault.
Cette magnifique propagande pour le duc Jean IV se comprendrait facilement si elle avait été achevée du vivant de celui-ci tant il était redouté des Rennais. Or, non, ce beau travail de publiciste a été enchâssé vers 1950. D’une part, ce triptyque de vitraux ignore, les réalités historiques. D’autre part, et c’est un comble dans un sanctuaire catholique, la sainteté de Charles de Blois est totalement négligée presque 50 ans après sa béatification par saint Pie X. Pour rendre honneur à notre bienheureux Charles (qui gît en bas à droite), il eût été juste de placer une auréole sur sa tête et des hermines sur sa tunique. Mais déjà, presque 600 ans plus tôt, le duc Jean IV a usé de son pouvoir pour entraver l’église dans sa reconnaissance canonique de la sainteté de celui qui est mort pour les bretons à Auray le 29 septembre 1364.
Quand on sait que l’armée de Montfort était constituée d’Anglais et de brigands recrutés dans les grandes compagnies… Quand on sait que Jean de Montfort a grandi à Londres dès l’âge de 6 ans, sous la tutelle d’Édouard III, roi d’Angleterre… Quand on sait que l’étendard du légitime duc de Bretagne, Charles de Blois, était herminé… Quand on sait que la noblesse bretonne, dans sa presque totalité se battait pour le bienheureux Charles avec les héros bretons Bertrand Duguesclin et Jean de Beaumanoir à ses côtés… Quand on sait que le Breton, Olivier de Clisson se retournera contre le nouveau duc après la bataille… Quand on sait que le bienheureux Charles a combattu pour mettre un terme aux souffrances qu’endurait le peuple breton… Pourtant, encore aujourd’hui, en 2024, le site internet de la basilique présente la bataille d’Auray comme la victoire de l’hermine (Bretagne) sur la fleur de lys (France). Il faudrait plutôt parler de la défaite de l’hermine face aux léopards (Édouard III d’Angleterre).
Sur le vitrail de droite, «Un courrier du Duc Jean annonce à J. de Flandre la victoire d’Auray». Jeanne de Flandre, dite Jeanne la Flamme, était la mère de Jean de Montfort, le vainqueur d’Auray. Quand on sait qu’elle avait quitté la Bretagne pour résider en Angleterre depuis deux décennies (1643)…
Sur le vitrail de gauche (détail ci-contre), «Le Duc Jean IV pose la première pierre de N-D de Bonne Nouvelle». En fait, selon la Notice sur le sanctuaire de Bonne-Nouvelle, à Rennes écrit par Paul Philouze et ayant reçu l’imprimatur en 1896, le jeune duc n’a fait qu’autoriser une donation (1367) des époux Perrot et Jehanne Rouxel aux Frères Dominicains. Il s’est arrogé le privilège ducal de fondation sans contribuer d’un écu au financement. De plus, le nouveau duc ne mentionne nullement qu’il accomplirait un voeu fait lors de la bataille d’Auray. Et quant on connaît le miracle de Dinan qui se réalise en 1368 et favorise la mémoire du Bienheureux Charles de Blois…
De plus, qui peut croire qu’en 1368, les Rennais avaient oublié que les Anglais, avec Jean de Monfort, les avait affamés au cours d’un long et dur siège (1357) alors que la ville de Rennes soutenait le bienheureux Charles de Blois.
Heureusement, une autre basilique à Rennes, Notre-Dame des Miracles et Vertus, nous réconforte en nous rappelant ce qu’elle fit en 1357 pour protéger la capitale des bretons. Et aucun porteur de truelle ne pourra rien y changer…
