Saint Patern, Évêque et Patron du Diocèse de Vannes, est né en Bretagne armoricaine. Son père, riche et vertueux, était originaire de la ville de Poitiers. Après avoir déménagé en Bretagne, il épousa une femme vertueuse du nom de Jeanne Griffin. De leur union naquit notre Saint Patern. Cependant, ses parents décidèrent de consacrer leur fils à Dieu et choisirent de se séparer mutuellement pour mieux se consacrer au service divin.

Son père traversa la mer et se rendit en Hibernie (l’actuelle Irlande), où il devint moine et vécut dans une grande sainteté. Pendant ce temps, sa compagne, Jeanne, prit en charge l’éducation de leur fils, lui transmettant avec le lait maternel la piété, la dévotion et la crainte de Dieu. Elle vécut en veuvage honorable et volontaire pendant quarante ans après leur séparation, consacrant sa vie à des actes de charité et d’autres bonnes actions, tout en servant Dieu jusqu’à sa mort.

Un jour, ayant préparé le tissu et le linge pour confectionner une robe pour son enfant, elle fut appelée ailleurs pour une autre affaire. Elle laissa les morceaux de tissu sur un rebord de fenêtre, d’où un milan qui planait à proximité les a remarqués. Le milan s’empara de ces pièces de tissu et les emporta dans son nid. Cependant, un an plus tard, lorsque cet oiseau fut chassé de son nid, les morceaux de tissu furent retrouvés dans un état aussi impeccable et complet que s’ils avaient été achetés chez un marchand.

Vie de Saint Patern*

Dès qu’il apprit à parler correctement, sa mère l’envoya à l’école, ne ménageant aucun effort pour favoriser l’avancement de son fils. De son côté, l’enfant étudia avec diligence et fit des progrès remarquables, non seulement dans l’acquisition de connaissances littéraires, mais aussi dans le développement de sa vertu.

Saint Patern choisit la même voie que son père.

Un jour, le jeune Patern, en ayant une conversation familière avec sa mère, lui posa une question sur son père, demandant s’il était en vie ou décédé, car il ne l’avait jamais rencontré. La mère, émue aux larmes, lui expliqua que son père, animé par le désir de servir Dieu dans un état de perfection, avait quitté sa patrie. Il avait traversé la mer et, selon ce qu’elle avait appris, il se trouvait en Hibernie, reclus dans un monastère. Le jeune enfant répliqua alors avec conviction : “Et pourquoi donc choisir une autre voie que celle que mon père a choisie ? Mère, je serai moi aussi religieux, ou je mourrai dans l’effort.” Sa mère, touchée par ces paroles, remercia Dieu et l’encouragea à poursuivre son noble dessein.

À partir de ce moment-là, Patern ressentit un profond détachement envers le monde et un ardent désir de servir Dieu au sein d’un monastère. Ce désir grandissant jour après jour, il reçut la bénédiction de sa mère et se dirigea vers l’Abbé Generosus, responsable d’un grand nombre de religieux au Monastère de Saint Gildas de Rhuys. Il humblement demanda à recevoir l’habit monastique, et cela lui fut accordé, procurant une grande joie et un profond réconfort à son âme.

Saint Patern entre au monastère.

Une fois qu’il avait terminé sa période de probation, son abbé lui confia la responsabilité des finances, un rôle qu’il exerça pendant trois ans avec la satisfaction et l’approbation de tous les moines. Il s’engageait volontiers dans les tâches et les activités extérieures du monastère, tout en maintenant un esprit de prière. Il se consacrait particulièrement à la mortification de ses sens externes, en particulier de ses yeux, qu’il tenait sous un strict contrôle. On raconte qu’il ne regarda jamais une femme en face depuis son entrée au monastère.

Il infligeait constamment des mortifications à son corps par le biais d’austérités sévères. Son alimentation se composait principalement de pain sec et d’une faible quantité d’eau. Lorsqu’il voulait avoir un repas plus copieux, il ajoutait quelques légumes et un peu de sel. Au lieu d’une chemise, il portait un cilice rugueux. Il ne changeait jamais d’habit, ni ne quittait sa modeste robe, son froc et sa capuche, jour et nuit, été comme hiver. Son lit était constitué soit d’un sol nu, soit de quelques fagots.

Ces austérités avaient tellement affiné son corps qu’il ne montrait plus que sa peau et ses os. Patern était un exemple vivant de dévouement et de piété pour les autres moines de son monastère et pour tous ceux qu’il rencontrait sur son chemin.

À cette époque en Bretagne armoricaine, de nombreux saints vivaient une existence en marge du monde, retirés dans des cloîtres et des monastères. Leur mode de vie était empreint de divinité, plus angélique que terrestre. Certains de ces saints furent envoyés en Grande-Bretagne pour établir des monastères sous la direction des abbés Cuvilan, Coatman et Tecao. Ayant reconnu la vertu, la sainteté, l’érudition et la compétence de Saint Patern, ceux-ci le sollicitèrent pour devenir abbé. Cent moines furent placés sous son autorité, et avec eux, il traversa la mer.

Patern prêcha aux habitants des îles, qui en peu de temps lui édifièrent un monastère en bord de mer. Ils le pourvurent de tout ce qui était nécessaire pour le service de Dieu et le bien-être des religieux. Observant le succès de sa mission, Patern rendit grâce à Dieu. Après avoir organisé les choses comme il se doit, il nomma un supérieur pour diriger le monastère en son absence. Puis, ayant dit adieu à ses religieux, il traversa la mer et se rendit en Hibernie (Irlande).

Un ambassadeur de la paix du Christ

Après son arrivée en Irlande, il se rendit d’abord auprès de son père, qui fut extrêmement heureux de le voir. Son père le retint dans son monastère pendant quelques mois. À cette époque, l’Irlande était en proie à une guerre cruelle entre deux rois, causant de grands dommages et des souffrances au peuple. Une nuit, un ange apparut séparément à ces deux rois et leur ordonna de rechercher un homme saint du nom de Patern, récemment arrivé de Grande-Bretagne. Ils devaient le choisir comme arbitre de leurs différends et accepter sa décision.

Le matin venu, les deux princes se rencontrèrent en face de leurs armées et, après avoir communiqué pendant un certain temps, déposèrent les armes. Ils firent venir Saint Patern, qui réussit à les pacifier complètement. Après avoir accompli cette tâche, Patern prit congé des rois et retourna voir son père. Après avoir également pris congé de son père, il traversa à nouveau la mer pour retourner en Grande-Bretagne et rejoindre ses religieux. Ces derniers furent extrêmement ravis de son retour. Dans ce monastère, il retrouva l’un des religieux qu’il avait laissés au monastère de Rhuys en Bretagne armoricaine. Ce religieux, nommé Nimonochus, n’avait pas pu supporter l’absence de Patern et l’avait suivi. Grâce à ses mérites, il avait surmonté de grands périls en mer.

Observant que le nombre de ses religieux augmentait jour après jour, pour la gloire de Dieu et le bien des âmes, Patern fonda deux autres monastères dans le pays de Cornoüaille, sur l’île de Bretagne (actuel Pays de Galles). Il y plaça à leur tête deux de ses disciples, Nimonochus et Samson, des individus dotés de grandes vertus.

À cette époque, régnait dans la province de Galles un prince du nom de Malgonus, un homme au caractère fort peu honorable. Ayant entendu parler de Saint Patern, il décida de le mettre à l’épreuve. Lorsqu’une guerre éclata entre lui et le roi des Bretons septentrionaux de l’île, il rassembla son armée près de la rivière Clarach. Il ordonna à deux de ses trésoriers de transporter de grands vases remplis de sable, de terre et d’autres matières similaires, soigneusement scellés, au monastère du saint, situé près de la rivière, et de lui demander de conserver ces vases contenant ses trésors. Le saint abbé accepta de bonne foi les vases, les plaça dans la sacristie et les conserva avec soin.

Après que la guerre eut été couronnée de succès, le roi retourna victorieux et envoya immédiatement des gens au monastère pour récupérer les vases. Lorsqu’ils ouvrirent les vases, ils découvrirent qu’ils ne contenaient que du sable, de l’herbe et de la terre. Les trésoriers, complètement déconcertés, crièrent au vol, affirmant que les trésors du roi avaient été volés. Le saint abbé nia fermement l’accusation. L’affaire fut portée devant le roi, qui ordonna qu’ils prêtent serment. Dans cette région, la coutume était que ceux qui prêtaient serment d’innocence devaient plonger leur bras dans de l’eau bouillante. Le saint abbé proposa au roi de se justifier, lui et ses religieux, de cette manière.

La sainteté de Patern est démontrée.

Le roi, qui avait conçu cette machination pour mettre à l’épreuve la vertu et la sainteté de Saint Patern, accepta la proposition. On fit bouillir de l’eau dans un grand bassin, le saint ajouta des charbons pour faire bouillir et rebouillir l’eau. Après avoir prié, il plongea son bras entier dans l’eau bouillante et le maintint là si longtemps que les témoins l’encouragèrent à le retirer. Une fois fait, il exhiba son bras aussi sain, beau et frais qu’auparavant.

Voyant cela, le peuple força les accusateurs à subir le même test, pour prouver que l’eau bouillante était en effet chaude. Cependant, à peine avaient-ils trempé leur main que la douleur les frappa si violemment qu’ils tombèrent morts à terre. Le roi Malgonus, instigateur de toute cette affaire, perdit la vue et fut atteint d’une grave maladie qui le cloua au lit et l’affaiblit au point de reconnaître que c’était là une punition divine pour le tort qu’il avait causé à Saint Patern. Rempli de repentir, il fut transporté au monastère de Clarach et implora humblement le pardon du saint abbé. Par ses prières, le saint abbé lui rendit la vue et le guérit de sa maladie.

En signe de gratitude, le roi offrit toutes ses terres au monastère, s’étendant de la rivière Clarach jusqu’à la mer. Cette série d’événements démontra la sainteté et la puissance de Saint Patern, ainsi que sa relation intime avec Dieu, suscitant l’admiration et la vénération du peuple.

Saint Patern part en pélerinage à Jérusalem.

En cette même période, Saint David (qui deviendra plus tard l’évêque de Menevie sur l’île) vivait dans une grande austérité dans un monastère situé dans une vallée du pays de Galles, nommée Glyn Rhosyn. Un jour, alors qu’il était en prière, un ange lui apparut et lui ordonna d’appeler les abbés Patern et Thurian, et de se joindre à eux pour visiter les lieux saints de la Terre sainte, où notre Sauveur avait accompli notre salut. Saint David obéit à l’ange, fit venir les abbés et leur fit part du commandement céleste, les priant de l’accompagner dans ce voyage. Ils acceptèrent la proposition, et de manière miraculeuse, on remarqua que pendant leur périple, lorsqu’ils entraient dans des régions étrangères, ils comprenaient et parlaient les langues barbares aussi aisément que le breton, leur langue maternelle.

Une fois arrivés à Jérusalem, ils visitèrent avec une grande dévotion les lieux saints. Pendant leur séjour, un ange apparut au patriarche de Jérusalem et lui ordonna d’appeler ces trois pèlerins bretons insulaires, de leur imposer les mains et de les commissionner pour prêcher l’Évangile. Le patriarche exécuta effectivement cet ordre et les autorisa à retourner dans leur pays. Avant leur départ, il offrit à Saint Patern un bâton pastoral en ivoire et une belle tunique ou dalmatique, prévoyant qu’il serait un jour chargé de guider les âmes et de devenir évêque.

Dieu protège Saint Patern de ses ennemis.

Ces saints personnages, ayant obéi à l’ange et accompli leur dévotion, retournèrent dans leur île et commencèrent chacun à prêcher avec une grande ferveur. Un jour, alors que Saint Patern se trouvait dans son monastère de Clarach, un seigneur local du nom d’Arthur arriva au monastère. En voyant Saint Patern revêtu de la tunique qu’il avait reçue du patriarche de Jérusalem, Arthur en fut tellement impressionné qu’il lui demanda avec insistance de la lui donner. Cependant, Saint Patern refusa, expliquant que la tunique était consacrée au service de l’Église et qu’il ne convenait pas de la désaffecter.

Cette réponse attrista profondément Arthur, qui quitta l’église avec son escorte. Parmi ses compagnons se trouvait un individu peu recommandable qui lui suggéra de retourner et d’utiliser la force pour obtenir ce qu’il n’avait pas pu avoir par la persuasion. Arthur suivit ce conseil et revint au monastère, furieux et en colère. Un moine le repéra de loin et courut avertir Saint Patern. Le saint lui dit : “Eh bien, mon frère, si son intention est mauvaise, soyez assuré que la terre s’ouvrira et l’engloutira.”

C’est exactement ce qui se produisit. Alors qu’Arthur tentait de pénétrer violemment dans l’église, le sol s’ouvrit sous ses pieds et l’engloutit jusqu’à la gorge, se refermant tout autour de lui et laissant seulement sa tête à l’extérieur. Pris de conscience et de repentir, Arthur commença à prier Saint Patern de lui pardonner. Le saint abbé, après l’avoir sévèrement réprimandé pour son péché, pria pour lui, le retira de cette situation et le renvoya chez lui en paix.

Saint Patern soutient les armées bretonnes.

C’était à l’époque où régnait comme comte de Vannes un prince vaillant du nom de Guérok, également appelé Caradocus dans les chroniques latines. Ce prince était réputé pour sa bravoure et sa magnanimité. En l’an 564, il soutint Donnac’h, fils de Connobert, comte de Rennes et de Nantes, contre Chilpéric, roi de France. Guérok défit l’armée de Chilpéric à Messac sur Vilaine en 587, puis assiégea et prit les villes de Rennes et de Nantes, qu’il rendit à Donnac’h. Au cours de ces campagnes, il vainquit et tua Bapolen, et contraignit Ebrecaire (les chefs des deux armées envoyées en Bretagne par Gontran, roi de France) à fuir.

Après avoir couronné de succès sa guerre contre les Francs, Guérok traversa la mer et conquit également la Cornouaille d’outremer. En arrivant dans la ville de Meas-Eli, il y rencontra Saint Patern. À la demande des Vénètes armoricains, Guérok amena Saint Patern en Bretagne. À cette époque, Alain Ier régnait en Haute-Bretagne et Joahua en Basse-Bretagne. Lorsque les habitants de la ville de Vannes apprirent l’arrivée de Saint Patern, ils vinrent à sa rencontre, l’escortèrent solennellement jusqu’à leur ville et le firent sacrer évêque. C’est ainsi que Saint Patern devint l’évêque de Vannes.

Saint Patern devient évèque de Vannes.

Le comte Guérok avait construit un palais au milieu de la ville de Vannes pour sa résidence régulière. Saint Patern fut inspiré par Dieu de lui demander ce palais afin de l’utiliser pour agrandir et améliorer sa cathédrale. Sa demande fut facilement acceptée, et il agrandit l’église de Saint-Pierre. Il utilisa le reste des bâtiments comme manoir et palais épiscopal. Suivant l’exemple du comte, les seigneurs de Vannes lui offrirent plusieurs dons et contributions pour aider à la réparation de ce temple, qui par la suite fut reconstruit en un édifice plus vaste, beau et spacieux.

En tant qu’évêque, ce saint prélat prit à cœur de bien et saintement diriger son diocèse. Il le visitait fréquemment, l’instruisait et l’édifiait par sa vie exemplaire et ses sermons admirables. À cette même époque, saint Samson, archevêque de Dol, effectuait une visite à travers la Bretagne où il était reconnu comme métropolitain de sept évêques. Lorsqu’il arriva discrètement et comme par surprise aux frontières du territoire vannetais, l’un des moines de sa suite lui fit part du fait que saint Patern ne lui obéirait pas volontiers, ni ne le reconnaîtrait comme son métropolitain. On lui suggéra donc qu’il perdrait son temps en s’y rendant, mais qu’il devrait le convoquer rapidement lors du prochain synode provincial pour tester son humilité et son obéissance.

Une sainte obéissance

Le Saint Archevêque, n’ayant aucune mauvaise intention en tête, prit ce conseil au sérieux et, lors du prochain synode qu’il organisa, il demanda à Saint Patern de s’y présenter sans délai et dans l’état où il se trouvait. À ce moment-là, Saint Patern était en train de construire une église et un petit ermitage en dehors de la ville de Vannes. C’est là que les messagers de Saint Samson vinrent le trouver, lui présentant les lettres alors qu’il était en train de se chausser, n’avait enfilé qu’une chaussure et qu’ainsi, il boitait encore d’un pied. Il lut les lettres, se leva et suivit immédiatement les messagers en direction du Saint Archevêque.

Cependant, le moine malicieux qui avait conseillé à Saint Samson de tester l’obéissance de Saint Patern en fut témoin. En le voyant venir avec une seule chaussure, il éclata de rire. Mais à ce moment-là, le diable s’empara de lui, le jeta au sol et commença à le tourmenter de manière horrible. En constatant cela, Saint Samson et les autres saints évêques présents, étonnés par l’obéissance de Saint Patern, vinrent le saluer et le prièrent de pardonner à ce malheureux qui était si durement tourmenté par l’ennemi de l’humanité. Le saint pardonna de tout cœur à cet individu et, grâce à sa prière, le délivra de cette situation.

En synode avec d'autres saints fondateurs de la Bretagne

Lors de ce synode, sept évêques étaient présents : Saint Samson, archevêque de Dol et métropolitain, Saint Malo, évêque d’Aleth, Saint Brieuc, évêque de Saint-Brieuc, Saint Tugdual, évêque de Tréguier, Saint Paul Aurélien, évêque du Léon. Tous reconnurent Saint Samson comme leur supérieur et métropolitain, ainsi que ses successeurs archevêques de Dol. Les évêques de Rennes et de Nantes, nommés par les rois de France dans les villes relevant de la France depuis que Clotaire I les avait conquises, se soumettaient à l’archevêque de Tours.

Lors de ce synode, plusieurs constitutions furent élaborées pour réglementer et organiser la vie ecclésiastique. Saint Patern les fit scrupuleusement respecter dans son diocèse. Il fut également décidé qu’une synode annuelle serait célébrée chaque année le premier jour de novembre, dans le but de renforcer l’unité entre les évêques, résoudre les points douteux et les difficultés qui pourraient surgir.

Une fois le synode terminé, Saint Patern retourna à Vannes, où il commença à mener une vie très austère et pénitente. Il se retirait dans le petit monastère ou ermitage qu’il avait construit en dehors des faubourgs de Vannes. Il n’en sortait que lorsque les affaires de sa charge pastorale l’y contraignaient. Son temps était principalement consacré à la prière, au jeûne, à la veille, aux austérités et à l’assistance envers son prochain.

Mort de Saint Patern en 590

Pour mettre à l’épreuve sa patience et lui offrir des occasions de mérite, Dieu permit que Saint Patern fût persécuté par plusieurs personnes, y compris certains de ses propres religieux. Ces derniers, incapables de supporter la lumière éclatante de ses vertus exceptionnelles, commencèrent à le contredire. Leurs actions étaient telles qu’il décida de se débarrasser de leurs persécutions en quittant son diocèse pour se rendre à un synode. Après cela, il ne retourna plus à Vannes, de peur que les affronts et les mauvais traitements quotidiens ne le poussent à l’impatience.

Il quitta alors son diocèse en Bretagne et se retira en France, où il s’installa dans un monastère et rassembla autour de lui quelques religieux. Ils vécurent ensemble dans une grande sainteté pendant un certain temps, jusqu’à ce que l’âge, la vieillesse et les austérités finissent par l’affaiblir. Finalement, il tomba malade et, sentant sa fin approcher, il reçut les sacrements, bénit ses disciples et, louant et glorifiant Dieu, remit son âme bénie entre les mains de son Créateur le 16 avril, vers l’an 590 de notre ère.

Peu de temps après que le saint eut été inhumé, Dieu opéra de nombreux grands miracles à son tombeau, et les Bretons Vénètes commencèrent à ressentir la perte de leur saint pasteur. Une terrible famine s’abattit sur la région, et pendant trois années, elle fit périr un grand nombre de personnes. Des prières et des processions publiques et solennelles furent organisées pour apaiser la colère de Dieu. Finalement, l’idée émergea que saint Patern avait quitté la ville et le diocèse de Vannes sans y laisser sa sainte bénédiction.

Un conseil fut donc réuni, et une délégation honorable fut envoyée en France pour ramener le corps saint. Arrivés sur place, lorsqu’ils tentèrent de soulever le cercueil, il devint soudain si lourd et pesant qu’ils ne pouvaient le soulever du sol. Cette situation attrista grandement tous les témoins présents. Cependant, un habitant de Vannes se distingua en avançant au milieu des autres et en déclarant : « Mesdames et Messieurs, notre saint prélat décédé m’a souvent demandé un terrain et une métairie que je possède dans les faubourgs de notre ville pour y ériger une église. Je l’ai toujours refusé. Mais je promets, devant Dieu, ses saintes reliques et toute cette assemblée, que s’il accepte d’être ramené dans notre ville, non seulement je lui donnerai ce terrain, mais je financerai également la construction d’une église à mes propres frais et dépenses. »

Les reliques de Saint Patern sont un secours providentiel pour les vénètes.

À peine avait-il terminé son discours que le saint corps devint étrangement léger, ce qui remplit toute l’assemblée de gratitude envers Dieu. Ils placèrent le corps sur un brancard richement orné et l’emportèrent en Bretagne avec grande pompe et solennité. Les évêques, le clergé, la noblesse, les bourgeois et toute la population de Vannes sortirent bien au-delà de la ville pour accueillir les reliques de leur saint prélat. Ces reliques furent déposées dans le lieu que le citoyen avait offert au saint. En peu de temps, une magnifique église y fut érigée en l’honneur de saint Patern. Cette église devint l’une des paroisses de la ville de Vannes, où le corps de saint Patern reposa jusqu’en l’an 878.

Cependant, en raison de la menace des Barbares, des Normands et des Danois qui avaient débarqué en Bretagne et ravagé le pays, les reliques furent transférées, aux côtés du corps de saint Corentin, au monastère de Marmoutiers près de Tours. Là, elles furent conservées avec respect, et Dieu opéra de nombreux miracles par leurs mérites et leurs intercessions.

* Selon l'hagiographe Albert Le Grand dans "La vie des saints de la Bretagne-Armorique". Traduit en français contemporain par Arnaud Chapin

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