Chapelle Sainte-Agathe à Langon

par Arnaud

Langon est riche de vestiges de l’époque gallo-romaine. La chapelle Sainte-Agathe à Langon contient une remarquable fresque représentant Vénus, la déesse romaine. La datation oscille entre II et IVème siècle et l’usage originel du lieu entre mausolée et frigidarium des thermes d’une villa gallo-romaine. Avec 18 siècles qui se sont écoulés, ce petit édifice est témoin du polythéisme romain, du paganisme gallo-romain, du catholicisme et, peut être, d’une déchristianisation…

Quoi qu’il en soit, visiter cette chapelle, c’est faire un voyage dans 18 siècles d’histoire de la Bretagne et c’est passionnant!

Je remercie l’Abbé Roger Blot, expert éclairé du patrimoine du diocèse de m’avoir fait découvrir cette chapelle.

Chapelle Sainte-Agathe à Langon

Selon Paul Banéat dans Le département d'Ille & Vilaine

Au nord de l’église se trouve la Chapelle Sainte-Agathe où les nourrices malades se rendent en pélerinage. C’est un petit édifice gallo-romain qui semble avoir une destination funéraire; il est construit en petit appareil à joints épais, avec des cordons de briques sur deux rangs. il paraît avoir compris à l’origine deux parties distinctes:

  • une absidiole en hémicycle, voûtée en cul-de-four et ouvrant sur une grande arcade imbriquée qui repose sur des tailloirs en briques et sur des pieds-droits composées d’assises alternées de pierres et de briques;
  • une construction rectangulaire mais comprenant trois côtés seulement, celui du côté de l’absidiole n’existant pas; cette construction, plus élevée que l’absidiole, en était séparée par un espace libre de 3 m. 60.

On a supposé que les restes du défunt pouvaient avoir été conservés dans la nef, que l’absidiole renfermait l’image du dieu auquel l’édifice était consacré, et que l’espace libre était occupé par un autel. Vers le milieu du VIème siècle, cet espace libre fut clos par deux murs réunissant la nef à l’abside, d’étroites fenêtres furent percées et le monument funèbre païen devint un temple chrétien. (Paul Banéat – Le département d’Ille & Vilaine)

Vénus, la déesse de l'amour et de la beauté féminine dans la mythologie romaine

Une déesse païenne dans une chapelle chrétienne

L'empire romain se christianise "officiellement" avec l'empereur Constantin qui, en 325, réunit le concile de Nicée. La double nature du Christ, "vraiment Dieu et vraiment homme" y fut proclamée à l'unanimité. L'évangélisation de l'empire romain s'est accompli progressivement par une transformation des croyances et rites dans les campagnes. "Païen" vient du latin paganus qui signifie campagnard. Nous avons, ici, à Langon, un exemple du syncrétisme de l'église universelle.

Cet édifice devait être consacré à vénus, car la voute de l’abside conserve les vestiges d’une fresque figurant cette déesse nue entourée de poissons et d’un dauphin. La fresque fut cachée au XIIème siècle par une figuration du Père Eternel. qu’une troisième peinture recouvrit à son tour en 1602; mais ces deux dernières fresques ont été enlevées l’une et l’autre en 1839 et la figure païenne, redevenue visible, constitue aujourd’hui, bien qu’effacée du côté gauche, la plus importante fresque romaine qui existe en Bretagne.

 

A l’époque chrétienne, le culte de l’irlandais Saint-Vénier, par analogie de nom sans doute, remplaça celui de Vénus; la chapelle s’appelait Saint-Véner dès 838; le nom actuel de Sainte-Agathe n’existait pas encore à la fin du XVIIème siècle. […]

 

On y a trouvé une stèle très frustre en tuffeau, ainsi qu’un débris de cercueil et deux chapiteaux Renaissance; la stèle a été considérée comme représentant une nourrice et a donné naissance au pèlerinage mentionné plus haut. C’est dans cette chapelle que le prêtre Agon, fils du mactiern Anau, fit don à l’Abbaye de Redon de terres en Langon en 838. (Paul Banéat – Le département d’Ille & Vilaine)

Chapelle Sainte-Agathe à Langon

Selon Arthur de La Borderie dans Histoire de Bretagne

Un autre monument encore existant sur le territoire des Venètes offre un second et curieux témoignage du culte de Vénus dans la péninsule armoricaine. C’est la chapelle dite aujourd’hui de Sainte-Agathe, au bourg de Langon, près Redon. Cette chapelle était dans l’origine un monument funéraire gallo-romain, composé de deux parties fort distinctes, séparées l’une de l’autre, qui ont été réunies à une époque relativement récente. Il y a d’abord une petite abside voûtée en cul de four, tournée vers l’Orient, profonde de 2 mètres et s’ouvrant par une arcade en briques tombant sur des pieds-droits à assises alternatives de pierre et de brique. En face de cette arcade, mais séparée d’elle par un espace vide de 3 m 60 (3), se dresse une construction de forme rectangulaire, longue de 5 mètres, haute de 3 m 67, de même largeur que l’arcade, ouverte du côté de cette arcade, fermée des trois autres côtés, toute bâtie en petit appareil romain très régulier coupé de distance en distance pa r cinq cordons de briques. — Ce rectangle, c’est la cella memoriœ destinée à renfermer le corps du défunt; l’abside est Yexedra ou édicule érigé en l’honneur du dieu ou des dieux auxquels le défunt avait une dévotion particulière; dans la zone ou intervalle vide et déclos de 3 mètres de large séparant primitivement la cell a de Yexedra, devait être dressé l’autel sur lequel on sacrifiait aux dieux. Sur la voûte en cul de four de l’abside ou exedra, on découvrit en 1839 une peinture à fresque qui semblait être de l’époque romane (XII 0 siècle), et cette peinture s’écaillant, on trouva dessous une autre fresque, celle-là parfaitement Païenne et gallo-romaine représentant le triomphe de Vénus sortant des ondes et ré gnant sur l’Océan, accompagnée de l’Amour monté sur un dauphin et environné poissons et monstres marins de toute sorte. Les figuies étaient dessinées pai des lignes brunes sur un fond jaunâtre, et c’était on pomail le diie alois la plus ancienne peinture païenne de France demeurée a sa place piimitive. Aujourd’hui, par suite de l’incurie des gardiens naturels de ce monument si curieux, à peine en distingue-t-on les principaux trails. Malgré sa destination funéraire, ce petit édifice, avec son autel et son triomphe de Vénus, devint bientôt un sacellnm ou petit temple rustique dédié a cette déesse, il eût sans doute subi le sort fatal réservé à tous les temples païens, s il n eût été sauvé au VIème siècle par un expédient fort ingénieux que nous ferons connaître plus tard en parlant de la conversion des Armoricains. (Arthur Le Moyne de La Borderie-Histoire de Bretagne)

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