Chapelle du Temple de Coëfferie

par Arnaud
Templier breton anonyme du XIII ème siècle

Il est fréquent que l’on désigne, à tort, une chapelle ou une église comme étant “templière”. Or, la confusion est souvent faite entre les Templiers et les Hospitaliers. Ces deux ordres partagaient le double caractère religieux et militaire ainsi que la vocation de protection des pélerins vers la Terre Sainte.

Cependant, l’Ordre des Templiers fut dissous en 1312 par le pape Clément V alors que l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (Hospitaliers) perdura jusqu’au XIX ème siècle avant d’éclater.   Les possessions des Templiers furent souvent reprises par les Hospitaliers.

La chapelle du Temple de Coëfferie, située à Messac, que je vous présente aujourd’hui en 360°, est authentiquement templière d’origine ainsi qu’en atteste l’Abbé Guillotin de Corson, historien de la Bretagne.

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Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dit Chevaliers de Malte en Bretagne
par l'abbé Guillotin de Corson

En 1217, le duc Pierre Mauclerc et Alix de Bretagne, son épouse, confirmant les dons précédemment accordés aux Templiers par leurs prédécesseurs, ajoutèrent le don d’une villa située dans la région de la Mée, désignée comme “quadam villa in Medeia”. Il est probable que ceci ait été à l’origine du Temple de la Coëffrie dans la paroisse de Messac, située dans le territoire de la Mée mais relevant du diocèse de Rennes. Après la dissolution de l’Ordre du Temple en 1312, la Coëffrie passa sous la possession des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui la fusionnèrent avec leur commanderie du Temple de Carentoir ; cette union est attestée dès 1391. Les conflits civils de la fin du XVIe siècle endommagèrent gravement les manoirs du Temple de Carentoir et de l’Hôpital de Quessoy, habités par les commandeurs Hospitaliers. En 1604, le Grand prieur d’Aquitaine dépêcha plusieurs chevaliers de son Ordre en Bretagne pour constater l’état déplorable des lieux. Suite à cette enquête, le commandeur de Carentoir établit sa résidence au manoir du Temple de la Coëffrie ; ses successeurs suivirent cet exemple jusqu’à la Révolution.

Abbé Guillotin de Corson (1837 - 1905)

L’abbé Amédée-Aimé Guillotin de Corson, né à Nozay (Loire-Atlantique) le 26 mai 1837 et mort à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) le 7 août 1905, est un prêtre et historien français, spécialiste de l’histoire de la Bretagne.

Amédée Guillotin de Corson est fils de notaire. Il passe son enfance à Bain-de-Bretagne, au château de la Noë Saint-Yves. Après des études classiques au collège Saint-Vincent de Rennes, il entre en 1856 au grand séminaire. Il est ordonné prêtre le 7 juillet 1861 et devient vicaire à La Noë-Blanche la même année. En 1875, il est nommé chanoine de l’église métropolitaine de Rennes. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages d’histoire locale dont le plus important est Le pouillé historique de l’archevêché de Rennes paru en six volumes entre 1880 et 1886. Il préside la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine.

Voici à quoi ressemblait la Coëffrie en 1574 : “Le Temple de la Coëffrie dans la paroisse de Messac, avec le manoir de cet endroit, englobe une superficie comprenant cours, jardins, prairies, bois de haute futaie, etc., pour environ 15 journaux de terre. “L’église et la chapelle de la Coëffrie se situent à côté de ladite maison ; le commandeur de Carentoir bénéficie de toutes les aumônes et offrandes faites dans ladite chapelle, sans que le recteur de Messac ne reçoive quoi que ce soit. Il y a un moulin à grain avec son étang, ainsi qu’un moulin à foulon pour draps, avec leurs canaux et mécanismes, situés à proximité de la maison de la Coëffrie. “Le Révérend Père en Dieu, Mgr l’Évêque de Saint-Malo, doit une pension audit commandeur, prélevée sur les dîmes qu’il perçoit dans les paroisses de Guipry et Messac, pour un total de 28 mines de grain, comprenant 14 mines de blé seigle et 14 mines d’avoine gros, mesurées selon la mesure de Lohéac. “Les seigneur et dame de Châteaubriand doivent à ladite commanderie, le jour et la fête de saint Jean-Baptiste, la somme de 7 livres en monnaie.”

Soixante-neuf ans plus tard, en 1643, le commandeur Gilles du Buisson dressa un rapport détaillé sur les améliorations apportées à la commanderie de Carentoir, incluant une description minutieuse du Temple de la Coëffrie. “Un élément dépendant de la commanderie de Carentoir, vulgairement appelé le Temple de la Coëffrie, servant de résidence ordinaire aux commandeurs, est distant d’environ cinq lieues du Temple de Carentoir. À cet endroit de la Coëffrie, une chapelle a été fondée en l’honneur de Monsieur saint Jean-Baptiste, notre saint patron, qui est actuellement desservie par Dom Pierre Collin, prêtre de la paroisse de Messac. Cette chapelle contient des ornements destinés au service divin habituel, offerts par le commandeur Gilles du Buisson, qui sont conservés par Dom Pierre Collin, rémunéré par ledit du Buisson. Cette chapelle a été récemment rénovée, avec une nouvelle toiture en ardoise, une charpente et une partie du mur, ainsi que des vitraux et a commencé à être blanchie. Les armoiries de l’Ordre sont présentes sur les fenêtres principales. La chapelle comprend quatre autels, dont le principal est orné d’un magnifique buffet en bois conçu par ledit du Buisson pour honorer une image de la Vierge donnée par lui. Sur le pignon de la chapelle, une bretèche ou campanile a été construite en maçonnerie, abritant une cloche de taille moyenne. 

Du côté nord de la chapelle se trouve la résidence ou le manoir dudit lieu, accessible par une grande porte sur laquelle est installé un pigeonnier. En entrant dans une cour carrée, on trouve un bâtiment composé d’une cuisine, de deux petites caves, et au-dessus de ceux-ci, deux chambres hautes, dont l’une est équipée d’une cheminée avec des grilles en fer et deux croisées, ainsi que des greniers au-dessus. De l’autre côté, une salle de bain attenante et, en dessous, un four. Un escalier en bois permet d’accéder aux chambres. Près de cette résidence se trouve un autre grand bâtiment, à l’extrémité duquel se trouve une chambre haute avec cheminée, surmontée d’un cellier. Derrière ce bâtiment se trouvent des étables pour le bétail de la ferme.” D’autres écuries et un “fagottier” sont mentionnés dans cette cour, “entourée de murs d’une hauteur satisfaisante, et contenant un puits. Autour de ces bâtiments se trouvent des jardins et des vergers, dont l’un contient un réservoir à poissons, avec une petite saulaie à proximité, d’où part un nouveau canal d’eau vive construit par ledit du Buisson. Plusieurs parcelles de terrain entourent les jardins. “En face de l’entrée et de la porte se trouve une basse-cour clôturée de pieux, devant laquelle se trouve une chênaie plantée de jeunes chênes et de châtaigniers, couvrant environ deux journaux. D’autres terres labourées sont mentionnées, parmi lesquelles se trouve une parcelle appelée “la Justice”, où un gibet aurait originellement été situé. Ensuite, il est question d’une autre “petite chênaie de haute futaie avec un petit bois de taillis, pouvant contenir le tout pour environ trois journaux, dans laquelle ledit du Buisson a fait aménager des monticules pour les lapereaux. Enfin, “autour de ces bois, domaines et jardins se trouve la prée dudit lieu, qui atteint la chaussée et qui était autrefois un étang, pouvant contenir environ seize journaux. Au milieu de celui-ci et du côté nord, un ruisseau passait autrefois, alimentant deux moulins, l’un pour le blé, l’autre pour les draps ; cependant, la prairie vaut maintenant quatre fois plus. Néanmoins, ledit du Buisson a fait construire un nouveau moulin à draps, sans endommager la prairie, qui pourrait générer une rente de 25 à 30 écus dans son état actuel.” 

Après cette description détaillée du manoir de la Coëffrie et l’inventaire des terres constituant son domaine et sa ferme, sont énumérées les autres dépendances de cette demeure seigneuriale : “Dans la paroisse de Fougeray, relevant de l’évêché de Nantes, à une lieue de la Coëffrie, se trouve un petit bailliage appelé l’Hostel-Ferré ou la Ruantaye, où sont dus 45 sols de rente et d’obéissance par les tenanciers qui se trouvent au dit lieu et qui dépendent de la commanderie. De plus, au bourg de Messac, à une petite lieue de la Coëffrie et près du cimetière de Saint-Jacques, se trouve une propriété où vivent quatre ou cinq tenanciers qui doivent 3 sols de rente et d’obéissance. Dans la même paroisse de Messac, une part de la dîme est due à un endroit appelé le Plessix-Tenet, prélevée sur les domaines appelés Soubs-le-Bé, la Sagoussinaye et la Croix de la Roberdaye, et est louée conjointement avec la dîme du bourg, pour un total de 11 boisseaux de blé, mesurés à Bain, 6 en contribution. La part de la dîme prélevée sur les sujets de l’endroit du Temple de la Coëffrie, en ce qui concerne les grains et la collecte de la laine, pourrait, d’une année à l’autre, atteindre une valeur de 30 boisseaux de blé, selon la mesure susmentionnée.

Les paiements en deniers peuvent atteindre la somme de 10 livres tournois. “Dans la ferme, il est possible de récolter chaque année soixante-vingt boisseaux de blé, selon la mesure en question. De plus, une maison située dans la ville de Rennes, dans la rue de la Haute Baudrairie, doit 5 sols de rente et d’obéissance. À Baulon, à quatre lieues de la Coëffrie, se trouvent deux maisons avec deux jardins, appelées le Temple. Ces biens étaient presque aliénés de la commanderie depuis un temps presque immémorial, néanmoins ledit du Buisson les a récupérés à grands frais et les a réunis à ladite commanderie dans le membre de la Coëffrie, et elles doivent 7 deniers de rente et d’obéissance.” Cet état des améliorissements de 1643 mentionne également : la juridiction du Temple de la Coëffrie, la rente de 7 livres due par le baron de Châteaubriant, mais qui “n’est plus payée faute de titres”, et la rente en grains due par l’évêque de Saint-Malo, évaluée alors à “220 livres en argent.” Enfin, le commandeur Gilles du Buisson indique qu’il affermait sa terre de la Coëffrie à Pierre Duval pour 80 écus. Il convient d’ajouter à ce qui précède une information fournie par la Déclaration de la commanderie de Carentoir en 1677 : il y est question de “quelques redevances dans les paroisses de Saint-Jacut, Ruffiac, Tréal et Guer (dues au Temple de la Coëffrie), mais dont le commandeur ne peut plus avoir “jouissance ni parfaite connaissance.” De plus, au faubourg de Malestroit, près de la Magdeleine, se trouve une maison pour laquelle une rente féodale d’une livre de cire et d’obéissance est due chaque année.” Ainsi, à l’origine, le Temple de la Coëffrie s’étendait sur au moins dix paroisses : Messac, Fougeray, Guipry, Saint-Germain de Rennes, Baulon, Saint-Jacut, Ruffiac, Tréal, Guer et Malestroit. Nous reviendrons sur la Coëffrie, résidence des derniers commandeurs de Carentoir, lorsque nous relaterons la visite de cette commanderie effectuée en 1745 par les Chevaliers de Malte.

Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dit Chevaliers de Malte en Bretagne par l'abbé Guillotin de Corson

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