La chapelle Notre-Dame de Crénénan surplombe la vallée du Scorff et se situe sur la commune de Plöerdut, non loin de Guéméné-sur-Scorff. En Breton, Crenn an anaon signifie “le tertre des morts”. La chapelle est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1998. Notre-Dame de Crénénan est vénérée aussi comme Vierge du feu.
Les origines de sa fondation sont inconnues : la tradition orale l’attribue à l’ordre des Templiers ou des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. L’édifice actuel, de plan rectangulaire avec une sacristie très longue accolée au bas-côté nord et clocher-porche, ne comporte aucun élément antérieurs au 15e siècle. Une importante campagne de travaux eut lieu dans le 2e quart de ce siècle : en atteste le style de la porte méridionale et du remplage de la maîtresse-vitre. Une seconde période de construction est datée par inscription sur les sablières des années 1642-1653. La troisième étape fut au 19e siècle, avec l’édification du clocher-porche.
Le clocher, de 1843, relève de l’architecture néo-gothique très fréquente au 19ème siècle. Il s’agit d’une tour carrée composée de trois niveaux. Elle s’ouvre par un portail en plein cintre que surmonte un fronton triangulaire. Le deuxième niveau est agrémenté au nord et au sud d’oculi. A l’ouest, une niche abrite une statue de la Vierge. La chambre des cloches est percée de baies en plein cintre. Une flèche polygonale en pierre coiffe l’ensemble.
Autour de la chapelle, il y a plusieurs caves en pierres sèches. Si on sait qu’au siècle dernier elles faisaient office de caves à boisson, notamment lors des pardons, on ignore encore leur usage initial.
La nef de la chapelle Notre-Dame de Crénénan est rendue particulièrement remarquable par la beauté du lambris peint, en 1716, par Louis Le Corre, maître-peintre à Pontivy. Dans un geste d’humilité, il signait ses oeuvres d’art: “Dupont”. Ces lambris font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1948.
Les peintures décrivent 6 scènes principales: Conception, Nativité, Présentation, Purification, Fuite en Egypte, Assomption. Des paysages laissant libre cours à l’imagination s’intercalent entre les scènes qui sont couplées de part et d’autres de la nef. Malheureusement, toute la partie ouest des peintures sur lambris, au dessus de la tribune, a été détruite par l’installation, au XIXe siècle, de celle-ci.
Le vitrail sur le mur sud date de 1901 et a été réalisé par Ernest Laumonnier, maître-verrier à Vannes. Le vitrail honore Notre-Dame du Feu qui est traditionellement invoquée à Crénénan pour la protection contre les incendies et la foudre. Depuis le XXe siècle, elle est aussi invoquée pour la protection contre les bombardements et les guerres.
Autres éléments remarquables, les pannes sablières, datées de 1652 et signées Ian Le Bovrois, s’animent notamment d’un âne joueur de biniou, d’un poisson sur le point d’avaler un cheval ou d’une femme tentant de récupérer l’andouille qu’un goupil lui a volée! Nous sommes bien dans le pays de l’andouille de Guéméné!